« Un frère, une soeur pas comme les autres ». Voilà comment sont souvent définis les enfants handicapés par leurs frères et soeurs. Une relation qu'il n'est pas simple d'appréhender au sein d'une famille.
Thibault est trisomique. Son frère cadet, Simon, le présente toujours à ses copains comme le « clown de la famille » parce qu'il fait le « pitre ». Il en est fier et accepte la différence. Anaïs souffre de comportements autistiques. Sa petite soeur la rejette. Rejet, honte, fierté... Autant de sentiments qui se mêlent mais restent tout à fait « normaux » pour Régine Scelles, psychologue. Depuis des années, elle s'occupe d'enfants polyhandicapés et s'intéresse plus particulièrement au handicap dans la fratrie.
D'abord frères et soeurs
La spécialiste refuse toute généralité tant « le handicap se tricote dans une famille avec la culture de chaque foyer. » De là, pas de règles sur la manière d'aborder le sujet, pas d'injonction sur la manière d'agir. « Ce qu'il est primordial de dire, c'est que chaque enfant dans une fratrie va réagir de manière différente au handicap de son frère ou de sa soeur. Et ses sentiments vont être évolutifs. Il peut surprotéger le handicapé à 4 ans, le détester à 12 et l'aimer à 18. » En somme, vivre sa relation à l'autre « comme dans une fratrie sans le handicap. »
Ce qui n'est pas toujours simple pour les parents qui aimeraient, idéalement, que l'enfant handicapé recueille le plus de compréhension et d'amour possibles : « Il est nécessaire que les enfants s'aiment comme ils le souhaitent et restent des frères et soeurs. Éviter que le handicapé ne devienne l'enfant de sa fratrie. » Pas évident parce que, malgré tout, la différence est là. Régine Scelles le constate dans ses consultations : « Le handicap peut exacerber certaines difficultés inhérentes aux relations frère et soeur. »
Que faire alors en cas de relations compliquées ? « Faire comprendre que l'enfant handicapé a sa place comme les autres au sein de la fratrie. Oui, parfois, on s'occupe plus de lui, mais on n'oublie pas de créer des moments privilégiés avec les autres. » Si ça coince, l'aide extérieure peut être précieuse.
Quant à l'annonce du handicap, pas de recette magique : « Le nom du problème importe peu pour des enfants. Ce qui préoccupe les frères et soeurs, c'est à qui la faute, est-ce que ça peut m'arriver, pourquoi ça chamboule tant papa et maman. Le tout est de mettre des mots simples, sans mentir et surtout pas à l'enfant handicapé. Il a le droit de savoir. » Sans oublier que les enfants se comprennent parfaitement entre eux et peuvent ainsi « s'expliquer les choses, simplement. »
Bien sûr, il y aura toutes les étapes de la vie à gérer. L'entrée à l'école « première immersion sur la scène sociale », où l'enfant peut être gêné de parler du handicap d'un frère ou d'une soeur. Puis, l'adolescence où on cherche à s'émanciper de la famille. Et, enfin, l'âge adulte où « chacun devra trouver la relation à l'autre qui lui convient car la relation fraternelle dure toute une vie. »
Régine Scelles aime à conclure : « Il faut rassurer en disant que les frères et soeurs d'un handicapé n'ont pas de psychopathologies plus lourdes que ceux évoluant dans une fratrie normale. »
(Source ouest-france.fr 8/11/2009 Dossier : Valérie PARLAN)
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